Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monsieur, j’ay receu à ce matin voz lettres du dernier du moys
2passé, avec celles qui y estoyent enclozes, que j’ay faict incontinant
3tenir où elles estoyent adressées, et retirer la responce que vous
4trouverez avec la présante ; et quant à ce que vous me mandez
5avoir eu nouvelles comme en Suisse toutz les cantons y sont
6en armes et ont faict monstre particullière, je n’en ay point ouy
7parler, mais bien qu’ilz y faisoyent quelzques préparatifz des
8munitions de guerre, comme d’artillerye, pouldres et boulletz, et
9aussi se tenir prest chacun pour la levée de quelque nombre de
10gens, et ce pour les soupçons en quoy ilz estoyent entrez les ungs
11des autres. Et n’y a pas guères que j’ay receu des lettres de monsieur
12de La Fontaine Gaudart, ambassadeur du roy audit pays, qui ne me
13mande autre chose que cela. Ayant oppinion, pour la crainte
14qu’ilz ont les ungs des autres, que bien facillement on les pourra
15mectre d’accord comme pour cest effect, monsieur de Bellièvre s’y en
16est allé de la part du roy, passant par la Bourgougne pour y
17estre plustost, et croy qu’à ceste heure, il y sera arrivé. J’ay bien
18advis de quelque remuement en Allemaigne, mesmement du duc
19de Saxe, qui prétendoit se faire courronner roy des Romains,
20mais puis qu’il n’est riens de la mort de l’empereur dont l’on
21[v] a faict courir le bruict, je m’asseure que cela l’aura ung petit reffroidy.
22Je suis bien marry de ce que vous me mandez de ceulx
23de Pragela, qui veullent faire les oppiniastres, comme aussi
24suis-je de la fourtune que ceulx de La Rochelle ont choisy de
25vouloir continuer en leur obstination, car en fin, ilz perdront
26leur cause et seront contrainctz de donner du cueul à terre, parce
27que l’on asseure que de l’Anglois ilz n’auront aucun secours, et
28ne pense pas que d’ailleurs ilz en peussent non plus avoir.
29Au demourant, Monsieur, j’estois sur le poinct de vous escrire
30pour vous donner advis de quelque entreprinse que l’on m’a faict
31entendre que ceulx de la Religion ont sur la ville de Valance ;
32et encores que je ne tienne pas cela de si bon lieu que l’on en
33puisse avoir aucune asseurance, néantmoins, le gouverneur qui
34y est pourra s’y prendre garde ung petit. Si j’en puis descouvrir
35quelque chose, je ne fauldray de vous en advertir, comme aussi
36feray-je de tout autre chose qui sera digne de vous estre escripte.
37Et en cest endroit, je me recommanderay humblement à votre bonne
38grâce, suppliant le Créateur qu’il vous doinct,
39Monsieur, en très bonne sancté, longue et heureuse vye. De Lyon,
40le IIIme décembre 1572.
41Votre plus afeccionné à vous faire service
42Mandelot
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